Christopher Bollas et René Roussillon, à la suite de Donald Winnicott et Marion Milner, ont développé l’importance de l’une des fonctions soignantes, à mes yeux, essentielles, celle de médiateur malléable. Soit la capacité du soignant, quelque soit son statut et sa fonction dans l’institution, à pouvoir jouer à sortir de sa fonction, tout particulièrement celle de l’infirmier qui est au contact avec le patient, au plus près du corporel intime.
Ces soignants au contact, dans le cadre de la théorie institutionnelle, doivent faire face à « quelque chose » autrement plus difficile à gérer et aménager que ce qui peut l’être par un médecin ou un psycho-thérapeute dans leurs cabinets où ils demeurent à distance, suffisamment protégés du littéral de l’infraverbal par le figuré du langage qui tamise les émotions - quand ils ne tuent pas ces émotions dans un jargon médical ou psychanalytique.
Comment ce soignant le plus souvent doué « naturellement » de qualités « toutes personnelles », liées à son histoire plus qu’à sa formation, devient-il un medium malléable ? Comment va-t-il anticiper, s’ajuster, s’adapter ? Comment va-t-il penser et mieux même rêver, son patient, (de la capacité de rêverie maternelle du soignant face à son patient régressé) avant que de l’accompagner dans certaines « tâches » et faire avec lui certaines expériences dans le champ d’activité singulier des médiations corporelles et culturelles ? Tel sera l’essentiel de mes interrogations et réflexions dans cet texte.
Lever l’ambiguïté
Il réside, si ce n’est une ambiguïté, une ambivalence fondamentale qui se fait jour dès qu’il y a rencontre entre un adulte et un enfant ou un adolescent. Et a fortiori si on envisage de s’engager avec lui, au contact et sur la durée,…