YOANN LOISEL, Le complexe traumatique. Fonctionnement limite et trauma : la réalité rejoint l’affliction, Editions MJW Fédition, 2018, 100 pages, 25 €
L’ouvrage de Yoann Loisel, préfacé par Maurice Corcos, prend pour thème ce qu’il désigne comme centre irritatif du fonctionnement limite : là où le psychotrauma semble irrésistible, bien souvent rencontré, subi dans l’actuel et, en même temps, comme « toujours déjà présent » selon le recueil des antécédents familiaux. Cette perspective éclaire la psychopathologie qui s’extériorise à l’adolescence, entremêlant histoire familiale et histoire infantile pour l’orientation du sujet sur une scène traumatique dont l’essentiel, souvent silencieusement, se sera déjà joué, noué, dans les coulisses transgénérationnelles.
Psychanalyste et responsable d’une unité de soins pour adolescents, l’auteur définit autrement qu’un traumatisme complexe selon une terminologie récente, un « complexe traumatique » : une ligne de développement qui précède le sujet, qui précède un trauma authentifié comme si la cicatrice, une certaine « fibrosité » du monde interne, était antérieure au coup repéré chez le patient limite.
La description est psychodynamique, reprenant celle des fantasmes originaires posés comme cadre du monde interne. L’architecture de ce cadre, plus ou moins souple, plus ou moins contenante, est mise en lien avec la qualité d’édification de l’aire transitionnelle, également avec la qualité de différenciation, de limite, entre le sensuel, l’excitation à fleur de peau, et le courant tendre considéré comme structure contenante de base.
Sur ce point est rappelée la théorisation de l’attachement, avec notamment la notion de base de sécurité, celles également de l’accordage affectif et de la biologie du stress. Du transgénérationnel aux interactions précoces, de celles-ci à l’adolescence avec cette ouverture sur différents modèles, le chapitre théorique se trouve assez « parlant » pour le…