Je vais vous parler du cas d’une jeune fille que j’ai reçue pendant un trimestre en consultation avec ses parents. Elle avait, dans un premier temps, consulté mon collègue, et cette consultation avait débouché sur une psychothérapie. C’est pendant le cours de cette psychothérapie qu’il m’avait demandé d’intervenir (voir article suivant L’adolescence est-elle une impasse symbolique ?, D. Lauru). En effet, il s’inquiétait car la jeune fille menait une vie décousue qui la mettait en danger. Elle n’avait plus de limites. Le problème des limites se posait aussi avec sa mère qu’il n’arrivait pas à maintenir en dehors de la psychothérapie. Bien qu’il lui ait expliqué à plusieurs reprises la nécessité de séparer les espaces, elle continuait à lui demander des rendez-vous, tentant par ce biais de faire intrusion dans l’espace de sa fille. C’est donc à sa demande que j’ai été amenée à commencer un travail de consultation avec la mère de l’adolescente puis avec l’adolescente et ses parents.
Le travail de consultation avec les adolescents ne nécessite pas la même neutralité que celui de la psychothérapie. Ce collègue ne pouvait pas, en tant que son psychothérapeute, intervenir dans la réalité de la patiente qui buvait trop, abusait des drogues et avait de mauvaises fréquentations. Tandis que le travail de consultation autorise le consultant à intervenir dans la réalité et à tenir une position structurante par rapport aux limites. Quand on parle de limites avec un adolescent, on évoque aussi bien ses limites corporelles que les limites à poser aux comportements transgressifs. S’il fallait définir rapidement la différence entre le travail de consultation thérapeutique et la psychothérapie, on pourrait dire que cette dernière vise à la construction du Moi de l’adolescent. La consultation, quant à elle, aura sa place pour préserver…