Pour introduire mes réflexions plus personnelles sur la question du clivage j’aimerais commencer par rappeler quelques unes des propositions essentielles de Freud sur la question et ainsi mesurer le legs freudien. L’article majeur de Freud est celui qu’il consacre en 1937 au « Clivage du Moi dans le processus de défense ». Dans cet article Freud examine les réactions psychiques de certains garçons lors de la découverte dans l’enfance de la différence des sexes, découverte qui passe principalement par la vision du sexe féminin. Pour ces garçons, remarque Freud, la situation est traumatique dans la mesure où elle menace une partie de leur économie psychique en lien avec une menace de castration pesant sur l’activité auto-érotique. Dans un premier temps, l’enfant fait fi de cette menace, généralement proférée par un adulte mais on peut penser qu’elle est présente même sans être formulée, - « le narcissisme secondaire affirme Freud est repris à l’objet » et donc toujours susceptible d’être « repris par l’objet » -, jusqu’à ce que la découverte de l’absence de pénis chez une femme - sa mère - ou une petite fille - sa sœur ou un équivalent - donne corps à la menace et à la possibilité de ne pas avoir de pénis. Dès lors le garçon - certains garçons - se trouve placé devant une alternative en impasse, une double contrainte paradoxale : s’il veut préserver son activité auto- érotique il doit contredire la menace de punition et donc sa « découverte » du sexe féminin sans pénis, mais s’il contredit cette menace il devra renoncer à intégrer un pan fondamental de la réalité qu’il vient de découvrir et qui fait de lui un garçon – alors différencié de la fille. L’alternative porte sur la régulation narcissique et l’identité, et elle ne comporte pas d’issue, l’enfant ne peut ni renoncer à…
Un processus sans sujet
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