Dans les années 1950, il y avait peu d’intérêt pour le corps et les patients étaient soignés en chimiothérapie et en électronarcose. Le corps se manifestait dans les pathologies : syndromes psychomoteurs spécifiques, crampe de l’écrivain, tics, bégaiement, syndromes posttraumatiques, troubles fonctionnels divers dont les insomnies, migraines… Ces patients réfractaires à tout traitement n’intéressaient pas les psychanalystes. Toutefois, certains psychiatres neurologues dont Julian de Ajuriaguerra (1911-1993) cherchèrent à améliorer leur triste condition. Ajuriaguerra se situait dans la perspective de la part biologique de la pensée de Freud, et il était logique qu’il porte son attention sur le corps.
Il nous a transmis la notion de « potentiel biologique de base, fruit de l’hérédité, de la vie intra-utérine et de la période périnatale ».
C’était aussi le début de la psychosomatique et en 1960 Ajuriagerra, au premier congrès de psychosomatique à Vittel sur les relaxations, fait se rencontrer le dialogue tonico-émotionnel et la psychanalyse ; il crée « sa Relaxation », bien différente des autres relaxations, car elle n’utilise ni la suggestion ni les inductions et son objectif n’est pas la détente mais une prise de conscience des états du corps. Cette prise de conscience nécessite une certaine passivité, ce qui oriente la mise en place du dispositif où le patient est allongé sur le divan. À l’hôpital Sainte-Anne à Paris, Ajuriaguerra est entouré d’une équipe de psychanalystes comprenant Jorge E. Garcia Badaracco, Michèle Cahen, Aude Fonquernie, Marianne Strauss… pour étudier l’expérience tonique dans la relation avec un patient. Ils mettent ainsi en lumière l’importance du lien interrelationnel et du dialogue tonico-émotionnel. Ils cherchent à mieux définir le phénomène du comportement tonique inconscient et sa signification dans la vie relationnelle. Ainsi le corps était médiateur de la relation. Pédiatre, c’est naturellement qu’Ajuriaguerra…