À propos d’une clinique interstitielle à la PJJ
C’est à partir d’une pratique clinique à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) que je propose de contribuer à cette rubrique « Paroles de clinicien ». Ayant rejoint « le corps des psychologues de la PJJ » très peu de temps après l’obtention de mon titre de psychologue clinicienne, j’ai rapidement été amenée à rencontrer des adolescents, placés par le juge des enfants pour leurs actes délinquants, au sein d’unités éducatives d’hébergement collectif (UEHC). Dans un tel contexte, le psychologue intègre une équipe éducative, constituée majoritairement d’éducateurs et complétée par d’autres professionnels : cuisinier, maitresse de maison, ouvrier professionnel, adjointe administrative, etc. Le « faire avec » et le « vivre avec » sont les fondements de la prise en charge dans ce type de dispositif : nous sommes tous et toutes, au contact quotidien des adolescents, puisque nous intervenons in situ sur ce qui constitue pour eux leur lieu de vie temporaire. Pour le thérapeute, il s’agit plutôt d’un lieu « en marge » qui ne relève pas, ou du moins pas a priori, du « soin ».
Plongée dans cette vie quotidienne en institution, il serait illusoire de penser qu’une fiche de poste puisse répondre à la complexité des questionnements d’ordre psychothérapeutique posés par cette pratique clinique spécifique dans un cadre contraint. Animée par l’idée d’inscrire un cadre temporel défini par la durée, la rythmicité et la fréquence des rendez-vous, je me suis rapidement heurtée à certaines « limites », celles des adolescents en premier lieu : comment des jeunes, contraints au placement dans un établissement judiciaire, sans aucune demande d’aide formulable, pouvaient-ils accepter d’entreprendre un travail de psychothérapie dans un espace-temps donné ? En effet, la plupart des adolescents dont il est question, menacés narcissiquement par le lien à l’autre, s’opposent, sinon…
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