Je ferais sept propositions en guise de conclusion pour ce colloque :
1ère proposition : les effets plutôt que les causes
On pourrait dire que ce qui fait unité autour de quelque chose d’aussi variable que cette notion de traumatisme, c’est le fait que le traumatisme est d’abord défini par ses effets plutôt que par ses causes. Si ce qui caractérise le traumatisme, c’est l’effraction d’une rencontre avec un Réel qui dépasse le sujet, c’est d’abord les effets que l’on voit et que l’on interprète comme procédant d’un traumatisme - une cascade d’effets traumatiques pouvant effectivement être identifiés, jusqu’à un syndrome de stress post-traumatique. Cependant, on ne peut pas préjuger de la cause. Si ce constat s’impose dans la dialectique psychanalytique, cela n’est nullement évident dans une position de santé publique, où l’on pense le traumatisme d’abord comme une fixation sur une supposée cause. Pourtant, celle-ci ne peut être véritablement inférée que depuis ses effets.
Par ailleurs, le traumatisme peut se décliner dans différentes dimensions, plus précisément trois. Premièrement, il y a bien sûr le traumatisme de ce qui a eu lieu. Mais il y a aussi, deuxièmement, le traumatisme de ce qui aurait pu avoir lieu pour que le traumatisme n’ait pas lieu. Et enfin, troisièmement, le traumatisme de ce qui ne pourra plus avoir lieu, parce que le traumatisme a eu lieu, irréversiblement. Ce qui est perdu c’est ce qui aurait pu avoir lieu s’il n’y avait pas eu traumatisme. Et ce qui a manqué, c’est ce qui aurait pu faire que le traumatisme n’ait pas lieu. Toute personne qui vit par exemple un accident est pris dans cette valence-là : il aurait bu un café de plus, il aurait…