Se séparer c’est mourir
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Se séparer c’est mourir

Pourquoi la séparation évoque-t-elle de si près la mort ? Pourquoi toute séparation, même minime, s’éprouve-t-elle bien souvent comme la menace d’une perte, à la fois de soi-même et de l’autre ? Serait-ce que toute séparation, même très provisoire, entraîne dans son sillage le parfum délétère et inquiétant du deuil ? Serait-ce que, dès que l’on se quitte, il y a un risque de ne plus jamais se revoir ?

L’origine de l’analogie entre séparation et deuil réside en réalité bien au-delà de ce simple constat pragmatique, qui fait la plupart du temps l’objet d’un déni. La séparation et la mort doivent leur liaison dangereuse à la confusion qui existe aux premiers âges de la vie entre séparation et disparition. Freud constate que, pour tout être humain, séparation temporaire et séparation définitive sont d’abord confondues, puisque le nourrisson : « ne peut pas encore différencier l’absence éprouvée temporairement et la perte durable ; dès l’instant où il a perdu sa mère de vue, il se comporte comme s’il ne devait jamais plus la revoir, et il lui faut des expériences consolatrices répétées pour enfin apprendre qu’à une telle disparition de la mère a coutume de succéder sa réapparition »1. Cette confusion originaire installe la menace de la perte au cœur du processus de séparation chez l’enfant, puisque ce processus doit articuler la disparition et la réapparition de la mère. Le célèbre jeu de la bobine ou jeu du fort-da, propose à l’inverse ce qu’on peut considérer comme un prototype possible du processus de séparation. On peut le rapprocher d’un autre jeu décrit par Freud dans Inhibition, symptôme et angoisse, plus rudimentaire, mais qui relève de la même dynamique, dans lequel la mère couvre et découvre alternativement son visage devant l’enfant. Par…

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Existe-t-il une psychologie de la mort ?