Force est de constater, au sortir des élections présidentielles que l’unité d’un et des peuples est une asymptote toujours aussi difficile à atteindre. Or la violence destructrice s’exerce d’abord sur l’autre… désigné et assigné différent, étranger, inconnu, faible (la femme, l’enfant, le « fou »). Le besoin agressif naturel, tout simplement humain, impulsif ou planifié, de croître, la lâcheté toute aussi naturelle de revendiquer virilement, haut et fort, sa présence face à l’inquiétant étranger, plutôt que d’assentir à sa fraternité !
Ce qui est moins naturel, et ne s’acquiert qu’avec l’éducation et la culture, court le long d’un axe circonscrit à partir d’une abscisse symbolique et d’une ordonnée imaginaire ; axe seul à même de nous permettre de faire l’économie de la violence dans notre confrontation à la peur puis à la convoitise. Éducation et culture pour mieux « se connaître soi-même » et mieux « connaître l’autre », et ainsi éviter des reports de haine.
Dans la réalité, le concept publicitaire d’égalité des chances est la farce la plus effarante de la comédie sociale et un mensonge cynique puisqu’il n’y a pas d’égalité des chances quant à l’accès à l’éducation et à la culture pour les plus économiquement démunis. Dans les pays riches, les inégalités persistent et la société y est même de plus en plus inégalitaire. Aussi est-il « naturel » qu’une minorité de la société soit accusée de tous les maux, dont celui de l’arrogance et du mépris humiliant vis-à-vis d’êtres humains conçus comme des abstractions, et redoute une majorité qui pourrait rebondir (narcissiquement) sur son « mauvais » départ. Attention… l’humiliation comme le chagrin dure plus longtemps que la reconnaissance et l’amour.
Avoir lâchement et cupidement laissé le champ libre à la pulsion de mort, c’est ouvrir…