La mission de la protection de l’enfance est de venir en aide aux enfants et à leur famille. Derrière ce devoir, plusieurs professionnels/chercheurs ont souligné les limites dysfonctionnelles de cette institution (Berger, 2021 ; Bonneville, 2014), notamment liées à la complexité de la prise de décision de placement de l’enfant dont les effets délétères peuvent être contraires à l’intention de départ (Essadek et al., 2021 ; Fritz, 2003). La complexité des situations protéiformes rencontrées dans les institutions nécessite une réflexion clinique et pragmatique, ce que la littérature met en lumière. En revanche, dans quelle proportion cela concerne-t-il les enfants de la protection de l’enfance ? Peu d’études françaises permettent d’y répondre. Les travaux de Bronsard (Bronsard et al., 2011) ont souligné l’ampleur des troubles psychiatriques des enfants placés en France, mais cette étude reste solitaire. Cette recherche tente d’y contribuer.
Nous présentons les principaux résultats de l’étude populationnelle menée en partenariat avec le Conseil départemental de l’Essonne (CD 91), auprès d’un échantillon représentatif des mineurs et jeunes majeurs (N = 1 315) pris en charge par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) au cours de l’année 2020. L’incidence de la maltraitance étudiée dans cette recherche a été construite à partir de l’outil inspiré de l’Étude Canadienne d’Incidence (ECI)¹. Les données ont été récoltées grâce aux travailleurs sociaux en charge des mesures, lesquels disposent des meilleures informations concernant ces mineurs, tant sur le plan clinique qu’administratif.
La problématique de la maltraitance est essentielle en raison de ses répercussions sur la santé mentale et physique des enfants, ainsi qu’en raison de ses répercussions à long terme sur le parcours de vie, que ce soit en termes de scolarité, d’insertion professionnelle, mais également, et plus largement, en termes d’épanouissement personnel. Les répercussions pour la collectivité sont aussi…