La rencontre
Je reçois Eve pour la première fois pour poursuivre un travail de Psychothérapie Psychanalytique Corporelle qu’elle faisait depuis cinq ans avec sa psychanalyste partie à la retraite ; je suis inquiète car les précédents changements l’ont amenée à être hospitalisée. Lors de notre premier entretien en face-à-face, Eve qui a plus de 40 ans, a du mal à s’exprimer, elle semble mal à l’aise, et me regarde peu. Elle va cependant me donner beaucoup d’éléments de son anamnèse compliquée.
Eve poursuit avec le nom des différents psychiatres et psychanalystes qui se sont occupés d’elle, depuis sa première tentative de suicide autour de ses 20 ans. Elle insiste : « depuis 30 ans je suis des soins psychiatriques ». Cette référence à la temporalité sera souvent soulevée, accompagnée de colère contre sa mère ou de gratitude vis-à-vis des soignants. Puis elle évoque Steeve, son compagnon depuis 10 ans qui lui apporte beaucoup de stabilité.
Ses silences, sa posture inconfortable et sa difficulté à être dans le contact visuel me confirment que l’aménagement technique de la Psychothérapie Psychanalytique Corporelle qui lui a été proposé l’aide à mieux appréhender son fonctionnement psychique. Ce dispositif lui permet de passer par ses ressentis corporels dans la relation transférentielle avec le thérapeute, d’éprouver le contact avec le divan. Ce qui lui donne la possibilité de s’étayer sur mon regard, qu’elle pourra croiser quand elle le choisira.
L’évocation du passé est douloureuse. Eve me prévient, me donne le rythme, comme pour s’assurer que je ne la brusquerai pas comme elle l’a été par les femmes de sa vie. Emouvante, elle conclut notre rencontre : « je vais vous parler homéopathiquement, par petit peu. ». Par cette phrase, elle indique…