La notion de subjectivation connaît à l’heure actuelle un grand succès, et pourtant son usage est d’apparition récente. On ne la trouve pas dans le Vocabulaire de la Psychanalyse de Laplanche et Pontalis. Dans le Dictionnaire International de la Psychanalyse, édité par A. et S. de Mijolla, ouvrage publié en 2002, il n’y a pas d’entrée pour le terme « subjectivation ». En revanche, dans l’entrée « sujet », ce terme apparaît à plusieurs reprises, sous trois formes :
• substantive, dans l’expression « processus de subjectivation ».
• Adjective, «subjectivable».
• Enfin, lui est attribué un synonyme qui est déjà une explicitation de la notion, « appropriation subjective ».
Il se trouve que l’auteur de la rubrique « sujet » est Raymond Cahn, qui fit en 1991 au Congrès des Psychanalystes de langue française un important rapport sur ce thème, et qui a largement contribué à la divulgation de la notion de subjectivation. Ayant fait une recherche dans la banque de données de la Bibliothèque Sigmund Freud, je n’ai trouvé pas moins de 65 références comportant comme mot-clé le terme « subjectivation », toutes postérieures à 1991.
Deux questions peuvent être posées :
• Pourquoi ce terme rencontre-t-il tant de succès ?
• Quel en est le sens et à propos de quoi parle-t-on de subjectivation ?
I- Pourquoi le succès de cette notion ?
Il semble que le succès de cette notion tient (Wainrib, 1999) à ce qu’elle reprend la question du sujet, dans une perspective différente de celle de Lacan, quoique en intégrant certains de ses…