26 décembre 2004, un Tsunami ravage des régions entières d’Indonésie, du Sri Lanka, d’Inde ou de Thaïlande. Rien que pour le nord de Sumatra, où je suis allée monter un programme de soins psychologiques pour Médecins Sans Frontières, un million de personnes a été affecté.
Une fois l’urgence vitale assurée, la nourriture, l’accès aux soins et un toit mis en place, reste la question de comment faire face, comment trouver la force de surmonter les pertes, les deuils, les adultes qui sont préoccupés par la survie et qui oublient les enfants et leurs besoins primaires : jouer, rester des enfants, rêver. Et partout la même difficulté à reconnaître leurs souffrances, leurs modalités spécifiques de dépasser le trauma et le deuil, leurs manières bien à eux d’aller mal sans parfois que cela passe par les mots. Le plus souvent, cela s’exprime par le corps, par les jeux, par l’arrêt des croyances enfantines ou celle du développement.
Il est donc urgent d’y aller, de mettre en place des programmes spécifiques pour les enfants non pas pour les amuser seulement mais pour les soigner et leurs permettre de redevenir des enfants tout simplement. Et à tous ceux qui mettent en avant les obstacles de la langue, de la diversité culturelle ou celle de l’inefficacité de la pédopsychiatrie dans de telles circonstances, on peut leur opposer que l’être humain se mesure à la qualité de ses refus. selon les mots de Paul Valéry. Or, il faut refuser que des millions d’enfants dans le monde soit les « cibles favorites » des guerres, des catastrophes, des crises. et que, de surcroît, ils ne soient pas soignés.