On dit parfois que l’autisme infantile aura été à la psychopathologie et à la psychiatrie du XXème siècle ce que l’hystérie avait été à celles du XIXème. On ajoute parfois que l’hystérie a beaucoup apporté à la psychanalyse qui ne lui a rien rendu ! Espérons que ce constat désabusé, et sans doute en grande partie injuste, ne pourra jamais être formulé à propos de l’autisme infantile.
Mais comment l’éviter ? Faire en sorte tout d’abord que les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes n’abandonnent pas l’autisme aux neurologues alors même que certains disaient encore, il y a peu : « L’autisme n’est pas une bonne affaire pour nous, vendons-le aux pédiatres » Faire en sorte ensuite que l’autisme ne nous autistise pas malgré sa force d’attaque sur des processus de pensée de tous ceux qui le côtoient, parents et professionnels. D’où l’importance d’une approche résolument trans-disciplinaire fondée sur le respect absolu des spécificités scientifiques et épistémologiques de tous les intervenants : chacun a quelque chose de vrai à dire en matière d’autisme, mais personne ne détient la vérité à lui tout seul. Faire en sorte enfin que la collaboration des professionnels avec les parents devienne un modèle pour le reste de la médecine, ce qui suppose que cette collaboration s’ancre dans le partage et évacue toute dimension d’emprise et de pouvoir. A ce prix-là, mais à ce prix-là seulement, l’autisme infantile trouvera des adversaires à sa mesure, à la mesure des souffrances qu’il induit de manière si cruelle.
Souhaitons donc, comme aurait dit D.W. Winnicott, que la foule des cliniciens et des chercheurs ne fonctionne pas, autour des enfants autistes, comme une «collection d’isolés» mais comme une véritable instance de dialogue fondée sur une estime narcissique mutuelle suffisante.