Introduction
Avec cette contribution, nous souhaitons réaffirmer comment une lecture psychanalytique des questions éducatives contemporaines, affranchie de la psychopathologisation, d’une part et des savoirs experts, d’autre part, est toujours subversive. La psychanalyse elle-même peut s’en trouver renouvelée pour autant qu’elle se laisse affecter par les défis que constituent les questions vives se posant aujourd’hui jusque dans la clinique et auxquels sont confrontés les éducateurs, parents et professionnels ; qu’elle accepte le risque d’une clinique du sujet et la confrontation avec l’incertitude du savoir dans l’appréhension du moment social-historique.
En optant pour une approche clinique qui rende compte de la subjectivité, de l’expérience du sujet, nous nous posons à contre-courant d’un certain académisme de la recherche et de la pensée. Plusieurs autrices et auteurs ont déjà développé ce point et, parmi les plus récents, citons une contribution de Claudine Blanchard-Laville1 à laquelle nous souscrivons pleinement.
Dans notre discipline — les sciences de l’éducation et de la formation — a longtemps prédominé une conception sociologique de l’éducation visant un individu conscient et déterminé par son habitus, par des dispositions caractéristiques de son origine sociale et culturelle. Les inégalités de naissance sont dites reproduites par les institutions éducatives, en particulier par l’école. La didactique a de son côté développé une vision assez abstraite de l’apprenant comme sujet épistémique, centrée sur son fonctionnement cognitif. Il faut attendre une période relativement récente pour voir accorder au sujet une agentivité, une capacité d’agir, d’être acteur social dès le plus jeune âge. Ou encore lui voir attribuer, sous l’influence de la psychologie, des émotions, une estime de soi, voire une vie affective.
Nous nous démarquons de ces conceptions en mobilisant la psychanalyse à…