Le récent livre publié par les élèves de Jacques Azoulay réunit quelques-uns de ses articles et acquiert une unité de pensée diachronique grâce à leurs contributions. L’on y trouve le parcours d’Azoulay pour mieux saisir l’ambiance sociale et scientifique de la naissance de ses idées. Chaque acteur, chaque penseur est déterminé par son époque, mais certains condensent de manière plus claire l’expression de l’esprit du temps. En effet, les combats politiques et scientifiques ont fait naître une dimension de militantisme dans l’action des acteurs de la psychiatrie du secteur.
Jacques Azoulay est un des rares penseurs à essayer de s’atteler à la lancinante interrogation sur le fait psychiatrique sans se perdre dans des jolis habillages métapsychologiques. Il essaie de décortiquer l’acte psychiatrique et le cadre de son action avec sa formation de psychanalyste et son intelligence d’acteur du terrain.
Il s’efforce à décondenser les effets de l’acte et du cadre et trouver ce qu’il y a de spécifique et de précis dans les réponses aux mouvements psychiques des patients que nous traitons et plus particulièrement les patients psychotiques hospitalisés. Sa démarche, sa lecture des situations cliniques et son implication apparaissent clairement lorsqu’il analyse avec modestie les situations cliniques et institutionnelles au-delà des idéologies ambiantes toute origine confondue. Psychanalyste était-il, mais il n’essayait pas de faire entrer le fait psychiatrique dans le moule de la cure analytique. Homme de gauche certes fut-il, mais sans céder aux tentations de nos voisins anglais ou italiens qui oubliaient la psychopathologie dans leurs démarches antipsychiatriques ou de « fermeture de l’asile », démarches fortes mais guidées par une idéologie politique où la dimension sociale faisait oublier les nécessités de la psycho-pathologie. De même, s’est-il inspiré de la psychothérapie institutionnelle, le courant dominant en France sans adhérer aux…
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