Voilà un ouvrage inspiré d’un souffle, d’un rythme, d’une associativité littéraire et psycha-nalytique, d’une prosodie fougueusement fécondée par le verbe rimbaldien comme on en lit peu dans la littérature psychanalytique. Comment rendre compte de la pénétration que procure en soi le « mystère » poétique de Rimbaud ? Par un style bercé du « roulis » des phrases de l’auteur du Bateau ivre ? « Ecoutons » celui de Maurice Corcos pour parler de « homme aux semelles de vent » et de ses fugues adolescentes : « On part donc pour éloigner ses démons intérieurs du milieu familial où ils s'exacerbent et peuvent mener trop loin. On part aussi parce que dès le début dans cette famille-là, on ne trouve personne avec qui croiser ses curiosités aussi est-on dès la naissance en exil et que rejoindre les parnassiens, cet ailleurs qui était déjà familier par les livres, devient une planche de salut, tant il est vrai qu'avec Vialatte, "il est des dépaysements qui rapatrient". Encore eût-il fallu que ces bourgeois-bohèmes accréditent les formes de pensée de cet ange sauvage ! Arthur part enfin, pour expurger très loin les humiliations rencontrées en route et qu'il croit avoir été générées par ses vices infantiles. On part bien sûr à la recherche de l'auteur, fût-il, même et surtout, si peu auteur de ses jours... pour voir si et combien on lui ressemble. (…) On part pour les retrouver et surtout mieux s'en débarrasser. Mais las, rien n'y fait, on emmène le passé dans ses bagages et ses morts sur le dos : "je me croyais en enfer donc j’y suis". Télescopage absolu des temps, dans tous les espaces. Le passé me pense donc j'y suis. » (p.137).
Dans un rythme soutenu, convoquant nombre…