Quand vous sortirez de la lecture de ce livre magnifique, vous en serez transformés. La poésie est présente partout pour rendre belles de choses qui paraissent à la plupart d’entre nous insoutenables. Les personnes qui passent une partie de leur vie dans la rue le font par défaut. Non pas seulement par défaut d’un logement, cela serait trop simple, bien plutôt par défaut d’humanité de leurs contemporains. La perspective remarquable de cet ouvrage est de nous ouvrir les mirettes sur cette approche humanisante, loin d’une logique de la consommation organisée par un capitalisme sauvage. Leur apporter un logement, un repas, une cigarette ? Pourquoi pas ! mais les auteurs ont choisi de d’abord leur rendre fraternellement leur place parmi les humains en leur tendant la main de leur propre présence désirante.
Les pauvres hères dont vous allez lire les rencontres avec les membres de Médecins du monde-Marseille ont fini par habiter la rue et ses entours par un mouvement, profond en eux, de déréliction. Ils se sont détachés lentement ou brutalement, c’est selon, de leurs environnements, pour aller à la recherche d’eux-mêmes dans la solitude. La ville est devenue leur appartement, quelques cartons leur lit, la mendicité ou les services sociaux leurs repas précaires. Mais la solitude ne les lâche pas, même s’ils sont parfois en groupe apparent, ils restent seuls à plusieurs. Il leur faut cet espace dans une autre dimension pour exister. Leur délire, leur addiction, leur dépression en a besoin, les cultive, les y pousse de façon incontournable. Et les voilà seuls, irrémédiablement seuls. Plusieurs d’entre eux ont reçu des soins de la psychiatrie, à l’époque où la psychiatrie de secteur se souciait des personnes errantes, mêmes quand elles n’avaient pas de domicile fixe. C’était son honneur de leur en…
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