Voici un livre surprenant, décapant, non dénué d’humour et par ailleurs d’une très agréable lecture… « Les races n’existent pas, mais elles existent bel et bien » (par le racisme, qui les crée lui-même) ; « Le racisme s’ancre dans les rouages normaux du psychisme comme le cancer dans le fonctionnement normal des cellules. » (p.115). Michel Sanchez-Cardenas lance ainsi son propos : le racisme est un phénomène qui, du point de vue psychologique, peut naître en chacun de nous et nul ne peut prétendre en être tout à fait indemne.
Ce travail de fourmi, très documenté, qui s’inscrit à la suite des réflexions d’Albert Memmi et de Farhad Dalal en particulier, aborde le racisme de façon multidimensionnelle, sous l’angle individuel bien sûr, mais sous d’autres encore : le groupal, le sociétal, le politique et le sémiotique. Tous ces points de vue se croisent, s’articulent, et se répondent à travers de nombreux exemples historiques et psychopathologiques, et aussi dans notre actualité, hélas pas en reste de ce point de vue. On découvre, chemin faisant, des portraits croustillants de personnalités bruyantes de notre monde contemporain : l’ouvrage s’ouvre, par exemple, sur un (drôle de) chapitre consacré à Arnold Schwarzenegger.
L’auteur, Michel Sanchez-Cardenas est un psychiatre singulier, un psychanalyste chevronné et facétieux : qui ne se souvient de la lecture jubilatoire de « L’Homme aux Phoques » ? Inlassable explorateur et découvreur de textes innovants et inédits dans notre langue, curieux de pensées cosmopolites, il travaille à les métisser, à les mettre en lien. Il convoque dans ce livre érudit, parmi de nombreux autres, des auteurs appartenant à diverses disciplines comme Adorno, Bourdieu, Dalal, Douglas, Elias, Héritier, Hofstadter et Sander, Lakoff et Johnson, Peirce, Salvatore, Kahneman, etc. Il sort des sentiers battus. Ce livre traite délibérément de l’« hétérophobie », pétrie de peurs archaïques, de haine et…
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