Le constat est général : en tant que corpus théorique, la psychanalyse fait activement partie de notre pensée contemporaine, mais en tant que méthode de traitement elle souffre aujourd’hui d’une vraie désaffection dans sa forme originelle. Une grande diversité d’approches thérapeutiques existe en son sein même. Elles se revendiquent d’elle bien qu’ayant renoncé à l’essentiel de ce qui la fonde au point qu’on parle maintenant « des psychanalyses », et que l’avenir de la psychanalyse originelle en devient plus incertain que jamais.
Cette question de l’avenir de la psychanalyse est au cœur de ce nouvel ouvrage de Jean-Claude Stoloff, Psychanalyse et civilisation contemporaine, question qui le conduit à une redéfinition rigoureuse de la psychanalyse, donc de ses enjeux et de ses liens avec la culture qu’elle contribue à éclairer mais surtout dont elle dépend. Ce travail fait suite aux recherches métapsychologiques préalables de l’auteur sur l’interprétation, l’identification, le narcissisme et la fonction paternelle. S’il se situe dans la continuité de son dernier ouvrage sur les racines psychiques inconscientes de la croyance et de ses effets sociétaux, en particulier sur l’antisémitisme, ce livre renoue également, comme le confie son auteur, avec « des intérêts de jeunesse jamais estompés », relatifs à l’impact du champ sociétal, économique et politique sur la psyché humaine.
Véritable « Plaidoyer pour une psychanalyse demeurant subversive » comme le titre un de ses chapitres, cet ouvrage est le fruit de convictions fortes qui invitent au débat à partir d’un postulat central : « il n’est pas possible de dissocier la naissance, le développement et l’avenir de la psychanalyse de son environnement social et historique ». Ce sont les conséquences complexes de cette forte intrication que l’auteur explore pour comprendre la désaffection pour la…
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