Cet ouvrage constitue un complément indispensable pour aborder la nécessaire révolution des concepts car, avec les objets numériques, ce ne sont pas seulement les pratiques qui sont appelées à évoluer, mais aussi la théorie. « La psychologie du XXIe siècle sera celle des relations que les hommes entretiennent avec les machines, ou ne sera pas. » Telle est la conviction qui guide Serge Tisseron dans ce nouvel ouvrage, qui s’ajoute à ceux qu’il a déjà consacrés à la relation que nous entretenons avec nos objets, à la fois dans ses aspects les mieux adaptés et les plus pathologiques : relation avec les objets de la vie quotidienne tout d’abord dans Comment l’esprit vient aux objets en 1997 ; relation avec les premiers ordinateurs et consoles de jeux dans Petites mythologies d’aujourd’hui en 2000 ; et avec les premières machines robotiques dans Le jour où mon robot m’aimera, vers l’empathie artificielle en 2015. Dans chacun de ces ouvrages, Serge Tisseron poursuit, avec les outils des sciences humaines, l’enjeu dont Gilbert Simondon, philosophe des techniques, énonçait l’importance dans son ouvrage majeur Du mode d’existence des objets techniques, à savoir l’impératif de penser les formes possibles de vie avec les machines. Pour Tisseron, cela implique la nécessité de comprendre comment les objets numériques et robotiques nous transforment.
En effet, avec les objets numériques dotés par leurs concepteurs d’une part d’autonomie, nous ne sommes plus seulement dans des formes traditionnelles d’anthropo-morphisme. Ce ne sont plus seulement ses gestes, son énergie et ses besoins que l’homme projette sur les objets automatisés, mais l’autonomie de sa conscience, son pouvoir de contrôle, son individualité propre, bref l’idée même de sa personne. C’est pourquoi l’imaginaire de la robotique est inséparable du fantasme d’un robot qui soit un jour en tout point semblable à un humain.…
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