Œdipe est-il « médecin » ? Si quelqu’un en doute, qu’il songe à la trajectoire qui va de l’Œdipe, personnage de légende mythologique, à Sophocle, qui en fait le héros de sa tragédie Œdipe Roi ; puis à Aristote qui, en étudiant la structure et le sens de la tragédie, conclut que celle-ci, en proposant une « imitation d’action » conduit, à travers « la pitié et de la crainte », à « la purgation des émotions de ce genre ». Puis, que le lecteur s’intéresse un instant à ce mot de « purgation », pour découvrir qu’il s’agit, chez Aristote, du mot « catharsis » ; et qu’il considère alors que c’est ce même terme que Breuer et Freud vont utiliser, vingt-cinq siècles plus tard, pour qualifier à la fois la méthode qu’ils mettent au point pour les troubles hystériques, et son effet thérapeutique : « purger », « évacuer » (comme on le dit encore aujourd’hui, en parlant d’une forte émotion), les affects qui se sont trouvés piégés dans le déroulement de la situation traumatique et qui seraient à l’origine des « complexes » pathogènes. La « psycho-analyse » a beaucoup avancé depuis cette époque de sa préhistoire centrée sur la suggestion et sur l’hypnose, Freud a construit une méta-psychologie dont l’envergure dépasse largement une simple thérapeutique - mais l’effet cathartique a constamment accompagné sa pensée de ce qui constitue l’élément premier de la vie psychique : non pas un mot ou un signifiant, mais une émotion, un affect, et plus loin encore, une certaine excitation issue du mouvement pulsionnel, dont seule la reproduction, d’une façon ou d’une autre, et à travers mille déguisements et répétitions (dont le transfert), devient facteur de changement psychique.
Paul Denis nous parle donc…