Dans l’efflorescence des publications actuelles sur la pandémie, se détache une contribution de René Kaës, remarquable à la fois par l’envergure de sa synthèse et par la profonde originalité des perspectives qu’il nous propose.
Synthèse d’abord parce que René Kaës remet en chantier les principaux apports de son œuvre pour interroger notre expérience actuelle de la pandémie et du confinement. Il nous propose un ensemble de réflexions sur les espaces de la réalité psychique et les manifestations du malêtre au cours de cette période de la pandémie. A partir de notes prises « à chaud » au cours du premier confinement, il ouvre des pistes de réflexion sur l’impact de la pandémie dans les trois principaux espaces de la réalité psychique, conceptualisés dans son œuvre et résumés, au début de l’article, avec une grande clarté : l’espace intrapsychique, l’espace inter-subjectif et enfin celui des ensembles plurisubjectifs, comme les familles, les groupes et les institutions. En temps de pandémie, il se propose de décrire son impact sur le malêtre dans la culture contemporaine qui affecte l’ensemble de ces espaces psychiques, en interaction les uns avec les autres.
Synthèse aussi car René Kaës, en écho avec la pandémie qui affecte les champs sanitaire, médical, économique, écologique, social et culturel, réinterroge avec une grande fécondité la théorie psychanalytique, à l’appui notamment de la sociologie, de l’histoire et de la politique, oscillant de notre expérience quotidienne de la pandémie au « niveau méta » d’une analyse très féconde et éclairante. Ainsi, il s’inspire des écrits de l’historien Jean Delumeau (1978, La peur en Occident, Fayard) sur la peur durant la grande peste du XIVème siècle qui a tué 50 millions de personnes, pour la mettre en résonance avec…
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