Maintenant, il faut se quitter... : immédiatement, le titre me trouble, m’interroge : à qui s’adresse-t-il ? Au lecteur ? Aux analysants ? Mon corps est traversé d’un frisson d’angoisse, d’une humeur triste, presque déjà teintée de nostalgie. D’une association à l’autre, me voilà pensif, perplexe. Pour parvenir à écrire cette note, je butine le livre ; d’un chapitre à l’autre ; dans l’ordre, dans le désordre... comme si je ne voulais pas le finir, c’est-à-dire le quitter.
Je suis rassuré : le sommaire annonce un plan qui justifie mes émotions premières : « angoisse », « dépression », jusqu’à l’amour maniaque... l’action de se séparer, ou même l’idée anticipée de se séparer ne peut être vécue sans un cortège de sensations psychiques et somatiques. Le titre - immédiatement - charrie avec lui les effets qu’occasionnent l’expérience de la perte sur la vie psychique. Et l’ouvrage, précisément, propose de les déchiffrer pour en analyser certaines formes complexes qui déjouent des modèles psychopathologiques dogmatiques ou trop structuralistes. À partir de formes cliniques singulières saisies dans la prise en compte du « transfert de l’analyste » (que Catherine Chabert propose à la place de « contre-transfert »), il s’agit d’une étude métapsychologique et psycho-pathologique dynamique étayée par une approche holistique des moyens utilisés par la vie psychique pour s’adapter et survivre.
Si pour Freud, aimer et travailler constituent deux grands chantiers de la vie soutenus par l’expérience psychanalytique, Catherine Chabert ajoute « être capable de se quitter ». Car tout au long de la vie, « la séparation scande le rythme de la présence et de l’absence, dans ses passages, ses aléas et ses désordres, dans ses rencontres et dans ses miracles » Et puis, du côté de la cure, le rôle de la…