Voilà un livre touchant et profond qui va réjouir nos contemporains qui pensent que la psychanalyse a quelque chose à proposer pour les enfants autistes, et plus largement, tous ceux auxquels rien de ce qui est humain n’est étranger. Il s’agit d’un récit précis, concis et vivant de la cure d’un enfant présentant ce qu’il est convenu d’appeler désormais un trouble du spectre autistique. Mais cette narration ne traite pas de la question en général : elle nous livre la trajectoire de Louange, un jeune enfant ravagé par le processus autistisant depuis son plus jeune âge et qui a eu la chance de rencontrer Christine Bouyssou-Gaucher. Avec une patience d’ange, et même parfois une témérité de loup-ange, la psychanalyste nous raconte en détail, sans jamais nous lasser, l’évolution de cet enfant pendant de nombreuses années. Louange vient à ses premières séances dans un état de déconstruction psychique évident, en proie à des angoisses archaïques majeures, terrorisé par un monde qu’il ne comprend en aucune manière. Ses défenses contre ces angoisses insupportables fonctionnent à plein régime et mettent à mal sa famille et les pédagogues qui tentent de l’accueillir à l’école maternelle.
Il faudra à cette psychologue de secteur-psychanalyste une force désirante exceptionnelle pour accueillir cette déréliction faite enfant. Avec l’exercice de cette patience incontournable que les praticiens de la prise en charge de l’autisme connaissent, - « dans la patience acquiers ton âme » disait Saint Luc -, elle associe celui de l’observation fine des signes cliniques de Louange et également, l’observation attentive de sa propre vie psychique contre-transférentielle. C’est ainsi que pendant plusieurs mois, elle tient bon sur la fonction d’accueil et d’observation pour nourrir la mise en récit qu’elle s’impose de façon toute socratique. Peu à peu, Louange, conscient…
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