Depuis que Freud l’a soulevée, la question de la terminaison de l’analyse fait débat. Dans son article « L’analyse avec fin et l’analyse sans fin » (1937c), Freud rétorquait à Rank qui suggérait de raccourcir la durée de la cure, que sa motivation était uniquement « destinée à aligner le tempo de la thérapie analytique sur la précipitation de la vie américaine » (p. 232). Quoi de plus actuel, à l’heure où l’imprédictibilité de la longueur d’un traitement creuse un fossé avec les mouvances actuelles de nos tutelles, tentées de faire fi de la singularité de chaque parcours de soins ? À contre-courant, cet ensemble d’articles est un éloge de la durée, du moins de son indétermination initiale. À l’instar de toute existence, le traitement analytique est bien bordé par un début et une fin. Mais il est des voyages dont il est impossible de prévoir la temporalité.
De ce nouvel ouvrage collectif du Centre Alfred Binet émane « l’esprit du 13ème » celui des pionniers de la psychiatrie de secteur, celui d’une transmission vivace, depuis soixante-quatre ans au cœur de l’ASM 13, du maillage entre pédopsychiatrie et psychanalyse. Le vibrant hommage rendu à Lisa Résaré vient réactualiser cet héritage.
Les Fins de traitement s’offre comme un riche témoignage clinique, et, à travers lui, nous invite à réfléchir à la fin de traitement comme fil rouge de tout processus thérapeutique.
Profondément nourri par la psychanalyse, l’engagement dont témoignent ici les consultants, les psychologues cliniciens, les orthophonistes, est d’autant plus fort qu’il ignore d’abord où il va. Il sait pourtant qu’il porte en lui sa propre fin, puisant sa force dans un solide support théorique éprouvé.
À l’aube d’une rencontre il faudrait…