C'est une sorte d’« arlésienne » dans la psychanalyse de l'autisme que Geneviève Haag dissipe en publiant, après des dizaines d'articles et de participations à des projets collectifs, ce premier livre sobrement intitulé : Le Moi corporel. Autisme et développement. Et pour cause, cet ouvrage en forme de collected papers prit le temps dont il avait besoin pour voir le jour mais il compile aujourd'hui plus de deux décennies (1983-2005) de réflexions, revues pour l'occasion, d'une pionnière de la compré-hension de l'autisme en France. Cinquante ans de carrière comme psychanalyste-chercheuse inspire d'emblée un certain respect, d’autant que les psychothérapeutes s’occupant d’enfants doivent probablement tous, même s'ils l'ignorent, au moins un petit quelque chose à Geneviève Haag.
Et si ce ne sont pas ses avancées théoriques, cliniques et techniques, ce sera son combat pour défendre la méthode psychanalytique, déployée sur un versant politique - où elle dissipa un grand nombre de malentendus sur la profession, détaillant sans relâche les vécus corporels des enfants autistes et la possibilité de les transformer par un travail spécifique de psychothérapie - mais également associatif (la CIPPA) où elle offrit, justement, aux thérapeutes les moyens de se réunir et d'approfondir leur formation. Pour tout cela, le rayonnement de Geneviève Haag est colossal dans la pédopsychiatrie et la psychanalyse en France, mais sûrement bien au-delà. Difficile de saisir, dès lors, la raison pour laquelle ses textes restent si peu connus, mise à part sa célèbre Grille de repérage tirée d'une recherche collective publiée en 1995 ; réputés théoriquement ardus voire trop spécialisés, ils semblent en effet difficilement passer le plafond de verre de l'étude théorico-clinique des autismes. Profitons donc du « véritable événement » (Bernard Golse, dans sa préface) que constitue cette publication pour réaffirmer l’envergure généraliste de…
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