Freud se disait insensible à la musique. Pourtant, c’est la polyphonie subtile des contributions composant les trois mouvements de cette exploration de l’héritage freudien qui d’emblée saisit le lecteur de Freud et ses transferts, dirigé par Florian Houssier.
Le rapport intime et tumultueux de Freud à ceux qui l’ont inspiré, les aléas de son transfert à l’expérience même du contre-transfert, enfin les contours en extension de la notion nodale de sublimation, en sont les harmoniques. Ces dernières mettent en valeur la partition des auteurs répondant au projet exigeant de Florian Houssier, celui d’une désidéalisation critique dans la transmission de l’œuvre freudienne afin d’en soutenir la fécondité. De fait, l’approche historique - base méthodologique de cette entreprise - nous plonge au cœur de la question de l’héritage freudien, héritage de la pensée d’un homme « faillible et remarquable, violent et sensible, génial et parfois peu inspiré ». Cette humanité non éludée du père de la psychanalyse ouvre des perspectives sur les innovations innombrables et les limites immanquables de ses élaborations. Mais elle fait surtout jouer les ressorts d’un travail de l’héritage ne se contentant pas de ressasser un dogme figé par le temps. Le fil rouge de l’humanité traverse les différentes contributions de l’ouvrage. Toutes témoignent de la manière dont les auteurs, analystes, se sont engagés dans ce travail de l’héritage forgé au fil de la clinique et de la recherche, soucieux de mettre à jour les multiples zones d’ombre comme l’inventivité déjà présente aux premiers temps de la psychanalyse et qui a ensuite guidé à bas bruit les explorations post-freudiennes.
Cela ne va pas sans l’impression d’être confrontés à nos propres rengaines lorsque Florian Houssier et Béatrice Dulck exhument de leur lecture approfondie des correspondances de…