Nous sommes nombreux à conserver en mémoire les polémiques et débats violents qui ont suivi, en 2004, la publication par l’INSERM du rapport d’expertise collective sur les psychothérapies (« 3 approches évaluées : approches psycho-dynamiques, approches cognitivo-comportementales et approches familiales et de couple »). Mais certains ont peut-être oublié les propos que le ministre de la Santé de l’époque avait tenu en 2005 pour tenter d’apaiser la colère qui avait gagné nombre de défenseurs des psychothérapies psycho-dynamiques. « Le premier devoir d’une société est de reconnaître qu’il n’existe pas une seule réponse à la souffrance psychique, laquelle n’est ni évaluable, ni mesurable ». Affirmation qui a eu le mérite d’apaiser certains mais a laissé quelque peu interrogatifs ceux convaincus que définir, à partir de la pratique, des objets d’étude et les soumettre à une forme d’analyse scientifique, pouvait présenter un intérêt certain.
En 1986, Daniel Widlöcher affirmait la nécessité sociale pour la psychanalyse de faire reconnaître ses atouts. Il écrivait alors : « Il ne faudra pas attendre encore longtemps pour que la psychanalyse ait à répondre de ses progrès. Qu’elle se présente comme pratique ou comme science, elle ne pourra pas indéfiniment se réclamer d’une idéologie de pionnier ». Force est de constater que les dernières décennies ont vu apparaître des évolutions majeures. Car si l’on peut encore trop souvent entendre la mise en doute générale de l’efficacité de la psychanalyse, c’est aujourd’hui par ignorance. En effet, plusieurs études ECR (Essais Comparatifs Randomisés représentant le grade le plus élevé de preuve scientifique) montrant l’efficacité des psychothérapies psycha-nalytiques, ont été réalisées ces dernières années et publiées dans des revues scientifiques majeures (F. Leichsenring et S. Rabung en 2008 dans le JAMA : Journal of the American Medical Association, B.D. Thombs et al.…