Dans les classes moyennes bien nourries du XXIe siècle, l’ « âge » est à la mode. Ceux que l’on n’ose plus, avec Alphonse Daudet des Lettres de mon moulin, appeler les « vieux », mais que l’on nomme pudiquement les séniors ou plutôt « nos âgés » sont de plus en plus nombreux dans les sociétés occidentales. Ils sont la cible des opérateurs de communication et de consommation de tout ordre, bien conscients du marché potentiel que propose l’allongement de l’espérance de vie. Ils sont aussi l’objet d’études épidémiologiques et sociologiques et d’enquêtes cliniques comme celle qui constitue la première partie de l’ouvrage signée par Marie de Hennezel ; enfin ils sont les interlocuteurs de tous les spécialistes d’aide au « bien vieillir ». De nombreuses associations se sont créées : informations, propositions d’activités conviviales ou de voyages.
La première partie de l’ouvrage Et si vieillir libérait la tendresse ? est écrite par Marie de Hennezel, psychologue clinicienne, à l’écoute, depuis des années, d’hommes et de femmes confrontés au vieillissement. Elle nous expose son expérience clinique recueillie essentiellement dans des lieux dédiés : institutions pour personnes âgées, rencontres individuelles et/ou séminaires organisés sur l’art du bien vieillir ; elle témoigne d’un regard plutôt optimiste sur ceux qu’elle nomme les « jeunes vieux » (entre 60 et 75 ans) et même
au-delà de 80 ans. Après une description vivante des lieux où ces expériences prennent place, elle questionne la façon dont, à ces âges, on s’exprime encore sur l’amour et sur l’évolution du désir, « la petite flamme du désir » aussi petite soit-elle. En ouvrant ses interventions ou ses séminaires, elle cite volontiers, la phrase d’Anaïs Nin « L’unique sortilège contre la mort, la vieillesse et la vie routinière n’est-ce pas l’amour ? ». Cette…