A certains égards, l’une des caractéristiques des êtres humains par rapport aux (autres) animaux est un sens aigu de la durée. Non pas que le sens de la durée soit absent du monde animal : un chien qui attend son maître à la fin de la semaine, ou un oiseau qui prépare une migration, n’ignorent nullement l’écoulement du temps, mais il reste que, plus que tout autre, l’être humain est sans doute un obsédé de la durée, de l’avenir, donc de la mort. Mais ce qui obsède surtout l’homme, c’est l’appréhension de sa mort à lui, ou celle des ses proches, ce qui offre une vision anthropocentrée pessimiste, importante certes, mais limitée, de ce qu’est la mort. Dans la présente réflexion, nous voudrions justement dépasser cette vision anthropocentrée, pour rendre à la mort, au delà de la psychologie individuelle, sa dimension plus biologique, voire plus cosmique, et, on le verra, moins pessimiste1.
La mort biologique
Par analogie avec nous-mêmes, êtres humains, nous n’avons aucun mal à envisager la mort des animaux qui nous ressemblent, ceux qui mènent une vie autonome et individuelle : un chien, un chat, un oiseau, un insecte. Dans la plupart de ces conceptions, la mort apparaît alors comme un évènement inéluctable et indélébile, perçu comme totalement négatif, sauf à faire appel à des convictions religieuses dans un au-delà heureux. Pour nous comme pour les animaux, puisqu’elle est disparition de l’individu, la mort serait une fermeture définitive et absolue.
Il faut cependant savoir relativiser ce point de vue. Nos enfants, quand nous en avons, constituent une sorte de continuation, biologique mais aussi culturelle, de ce que nous avons été. Nos productions diverses, artistiques notamment, le sont…