Les premiers temps de la Psychothérapie Psychanalytique Corporelle (PPC)
Monsieur G. est un homme de la trentaine d’allure encore assez juvénile. Derrière une apparence gaie et avenante, il cache une profonde hésitation qui traduit une angoisse non visible, même si parfois à la fin des séances, il me tend une main moite. Je l’ai rencontré pour un entretien préliminaire. Il m’était adressé par une collègue analyste et neurologue qui avait posé un diagnostic d’épilepsie et lui avait prescrit un traitement. Après l’échec d’une thérapie de couple entreprise avec une jeune compagne dont il se disait très amoureux, mais avec laquelle il n’osait pas s’engager dans des projets de vie, j’ai eu le sentiment qu’une Psychothérapie Psychanalytique Corporelle pourrait être un aménagement plus adapté qu’une psychothérapie analytique en face-à-face. Ce patient avait souffert pendant toute son enfance et sa pré-adolescence d’une énurésie secondaire et d’une érythrophobie l’ayant isolé pendant une grande partie de sa scolarité. De nombreux examens médicaux visant à évaluer le fonctionnement de sa vessie et la normalité de son pénis avaient été vécus par lui, comme une torture intrusive et violente sous le regard d’une mère ressentie comme séductrice et omniprésente. Pour moi, l’indication d’une Psychothérapie Psychanalytique Corporelle présente une analogie avec la psychanalyse d’enfants où les réactions inconscientes de l’analyste sont particulièrement sollicitées. Il s’agit toujours dans ce dispositif de sentir notre contre-transfert, comme le disait Nora Kurts (2003) comme un radar. Comme en psychanalyse d’enfants, l’interprétation constitue un danger de se trouver débordée par des excitations insupportables ; la quantité d’affects est trop grande. Nous pouvons penser que ces adultes ont souffert dans leurs interactions précoces avec leurs objets parentaux d’un étayage corps-psyché insuffisamment protecteur et contenant. La psyché prend sa source souterraine grâce à cet étayage corporel,…