Millesimes
Éditorial

Millesimes

Aujourd’hui les mamans donnent naissance à des enfants qui vivront beaucoup plus longtemps que leurs grands-parents. Le saut de longévité dans l’hémisphère Nord se comptera par dix ou quinze années de plus que celui des générations actuelles. Les familles qui comptent déjà quatre générations vivantes ne sont plus exceptionnelles ; celles qui en comptent cinq commencent leur carrière. Déjà 80% des sujets de plus de 65 ans évoluent sans maladie grave.

Dans ce grand mouvement de longévité conquise – car les années en plus sont une conquête de la culture- l’appareil psychique s’enrichit nécessairement de nouvelles catégories, ne serait-ce que sur le terrain du transgénérationnel. L’interaction transgénérationnelle s’enrichit au niveau de l’échange réel, mais aussi au niveau de l’échange fantasmatique. Les imagos vont nécessairement se complexifier.

Ce nouvel appareil psychique, en construction sous nos yeux, est un espace à découvrir et à prendre en charge au besoin. Il s’agit, en fait, de partir à la découverte du statut du vieillissement dans la psyché, et ceci dès les premières années de la vie. Sait-on, par exemple, que les identifications aux grands-parents rapidement mises en latence au cours de l’adolescence, tout à fait silencieuses au cours de la vie adulte, font retour à l’âge où le sujet devient lui-même grand-parent pour une relance de la vie affective sur de nouvelles bases ?

La façon dont la chaîne de la vie mentale se développe mérite que des psychopathologues se penchent sur ce mouvement psychique à long terme, qui loge dans la cave de l’inconscient les meilleures récoltes des années tendres, où on pourra puiser le moment venu pour les déguster comme un vin accompli quelques dizaines d’années plus tard. Avis aux amateurs.