Michel Soulé, et la psychiatrie du bébé
article

Michel Soulé, et la psychiatrie du bébé

J’ai connu Michel au début des années 1970, à mon retour des Etats-Unis. Il m’a beaucoup guidé dans ce monde nouveau, pour moi, de la psychiatrie franco-phone. Nous nous réunissions souvent à Paris ou ailleurs, à la faveur des congrès ; il était entouré d’une cohorte de collègues, dont Serge Lebovici, son acolyte dans de nombreuses entreprises, et sa garde rapprochée dont faisaient partie, parmi beaucoup d’autres, Antoine Guedeney, Bernard Golse, les Missonnier, etc.

Michel avait l’art de rassembler.  Il attirait par sa curiosité, qui conferait à tout spécialiste qu’il invitait aux journées du 14ème, l’impression d’avoir été choisi très spécialement. Puis la journée se déroulait, à chaque fois donnant le plaisir du paquet cadeau qu’on découvre.

Puis ce fut l’aventure de la psychiatrie du bébé, WAIPD, puis WAIMH. Le prochain congrès devait être à Venise, ce qui nous valu de belles visites guidées par Michel, qui adorait cette ville. Mais la belle se révéla trop snob et gourmande. Nous bifurcâmes sur Lugano, qui fut un succès. Pour nous ses «jeunes», c’était un festin que de travailler avec lui : il faisait circuler les connaissances, les cultures et sa culture, le tout au cours de force agapes, dans une atmosphère de théâtre,qu’il animait d’un humour tout à fait unique. Je me rappelle particulièrement une soirée où, déguisé en prêtre, il nous servait une messe désopilante, dont l’inspitateur était peut-être Bacchus, ou Freud, mais certainement l’esprit de Michel : frondeur, dérapant du scientifique au jeu de mots, respectant les vérités des autres sans jamais user de la langue de bois.
Les meilleurs moments étaient les soirées rue de l’Escapade, précédant les journées scientifiques à la Maison de la Chimie. Là, nous répétions nos rôles, nous réjouissant de côtoyer des collègues illustres venant de toutes les disciplines : il fut le premier champion de la transdisciplinarité, et, en cela, il fut un des plus modernes parmi ses contemporains.

Michel parti, il s’agit de reprendre cet esprit et de le faire perdurer. C’est là, l’hommage que j’aimerais lui adresser.