Introduction
Je rappellerai tout d’abord que nos histoires de bébés nous suivent jusque dans nos histoires d’amour. La table ronde précédente était placée sous le sceau de la définition de l’Amour fou selon André Breton (1937) : « Je m’étais perdu à moi-même et tu es venue me donner de mes nouvelles ». Pour ma part, j’aimerais tenter un parallèle chez le bébé qui, s’il avait des mots pour le faire, pourrait dire de son côté, en référence à la fonction-miroir de ses interactions précoces dont je reparlerai plus loin : « Je ne me suis pas encore trouvé, mais déjà tu viens me donner de mes nouvelles ».
Il y a en fait trois grandes questions phénoménologiques du bébé qui ne cessent d’infiltrer, la vie durant, nos histoires d’amour d’adultes ou d’adolescents
C’est ce que j’avais essayé de montrer dans mon ouvrage sur l’Être-Bébé (2006). Savoir comment le bébé perçoit et ressent le monde peut sembler une gageure. Nous disposons pourtant désormais d’un certain nombre de connaissances qui nous permettent de nous mettre un tant soit peu dans sa peau, ou dans son regard ce qui, bien entendu, n’est possible que par le biais de nos identifications régressives à nos propres parties infantiles les plus archaïques. Si le bébé disposait déjà du langage - nous sommes là dans une tentative (et non pas une tentation) phénoménologique de s’identifier au bébé tel qu’il se présente à nous, mais aussi tel que nous pouvons nous le figurer dans notre propre psyché - il énoncerait probablement trois grandes questions concernant son objet primaire, à savoir sa mère :
- Est-ce qu’elle est aussi belle dedans que dehors ?
- Est-ce qu’elle est comme d’habitude ?
- Qu’est-ce que c’est…