Il est difficile de parler du sexuel sans envisager la façon dont le corps y est impliqué. Les théories du corps qui ont été proposées sont contrastées. Celle de Reich (1927) est celle qui affronte sans doute le plus directement la question de la sexualité dans ses rapports avec le corps, essentiellement à partir de l’adulte et de l’analyse du caractère. La théorie de l’image du corps chez Gisela Pankow (1981) est construite à partir de la clinique des psychoses. La théorie du moi-peau d’Anzieu (1987) est bâtie principalement par référence à la clinique des états-limites. Ce dont je vais essayer de parler est d’abord dérivé de la clinique psychosomatique, et met au centre la notion de corps érotique (Fain & Dejours, 1986) par différence avec le corps biologique.
Le corps biologique est donné à la naissance. Mais pas complètement parce que ce corps est immature, c’est-à-dire que certaines de ses fonctions vitales ne sont pas encore autonomes et nécessitent une suppléance par les soins de l’adulte. Quant au corps érotique, il n’existe probablement pas à la naissance. Comment se forme-t-il à partir du corps biologique chez l’enfant ? C’est ce dont je vais d’abord essayer de rendre compte. Dans un deuxième temps, je discuterai de l’étape particulière que constitue la puberté et de son impact sur la construction du deuxième corps. Enfin, dans un troisième temps, je parlerai des relations entre la formation du deuxième corps et le problème posé par la rencontre amoureuse à l’adolescence.
L’enfant : la subversion libidinale
Pour rendre compte de la genèse du sexuel à partir du biologique, Freud propose le concept d’étayage (Freud, 1905). Etayage de la pulsion sur la fonction, par exemple de…
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