La honte se rencontre très couramment dans la pratique clinique avec les adolescents. L’affect de honte est présent, soit au premier plan de manière évidente, soit sous-jacent, embarrassant le sujet à l’âge adolescent, dans son épanouissement et son sentiment d’être au monde. Si la dimension de la honte intervient dans un certain nombre de pathologies avérées, elle est cependant distincte de la culpabilité.
Mon hypothèse est que le passage du sujet dans l’adolescence serait aussi un passage de l’ontologie à l’hontologie, qui signerait pour l’adolescent un rapport au monde et à ses modes de jouissances singuliers. Contentons-nous ici de rappeler qu’à l’adolescence tout commence par la puberté et ses transformations physiques, avec l’acquisition d’un corps apte aux relations sexuelles génitalisées. L’adolescence consiste alors dans les transformations psychiques consécutives à ces mutations internes. Il s’agira donc pour nous de tenter de cerner ce que représente cet affect particulier qu’est la honte, en particulier dans son rapport au regard et à la sexualité. Nous rappellerons ensuite les apports de Freud et de Lacan sur la honte, même s’ils ne lui ont consacré aucun texte en propre.
En quoi la traversée du sujet à l’âge adolescent le renvoie-t-il la honte ? Qu’en est-il de cet affect honteux en ce temps où le sujet se repositionne et se recentre sur son désir ? Je propose que le sujet honteux est un sujet qui est pris dans le désir et par le désir, et qui en prenant conscience de cela, en éprouve de la honte. Je pose aussi d’emblée que le regard est central dans la honte.
Qu’est-ce que la honte ?
Le sujet honteux n’est pas un être passivé par…