Comme beaucoup de psychanalystes de ma génération, je viens de la psychiatrie. J’ai travaillé en tant que médecin psychiatre pendant plusieurs années dans les institutions publiques, tout d’abord en hôpital psychiatrique, puis dans le service spécialisé d’un hôpital général et dans un centre de psychothérapie. J’ai continué à collaborer régulièrement avec celles-ci même après m’être consacré entièrement à la psychanalyse. C’est avec plaisir et avec passion que je poursuis mon activité de superviseur d’équipes psychiatriques, avec la méthode classique de l’élaboration groupale périodique des expériences partagées. A en juger par la demande permanente, il semble que les supervisions dans le domaine de la psychiatrie des adultes et de l’adolescence soient utiles aux participants ; elles le sont en tout cas certainement pour moi, dans un système de commensalité consciente qui permet une révision et un contact continus avec nos connaissances en matière de fonctionnements psychotiques et borderline, de défenses primitives de base et de dynamiques groupales et institutionnelles.
En 1992, j’ai été l’un des fondateurs, avec d’autres éminents collègues, du Comité Pathologies Graves de la Société Psychanalytique Italienne, et je crois que pour un psychanalyste, il est vraiment important d’avoir cultivé une certaine familiarité professionnelle avec ces niveaux de la vie psychique et avec la pathologie concernée. Cette pathologie est en effet transmise, nous le savons bien aujourd’hui, de manière transpersonnelle et transgénérationnelle dans ce que Money-Kyrle, avec une formule simple et éloquente, appelait : le traditionnel commerce de malheur entre les êtres humains (1951). Comme je l’ai mentionné précédemment dans un livre, R. Kaës (1993), R. Kaës, H. Faimberg, M. Enriquez, J.-J. Baranes (1993) et R. Losso (2000; 2003) ont décrit un mode de transmission « transpsychique » où, par manque d’espace transitionnel, l’esprit ne peut transformer et faire sien ce qu’il reçoit de…