Je souhaite partager un phénomène clinique où le patient est susceptible de provoquer en nous l’émanation de larmes, même timides, mais dont la dissimulation devient impossible, malgré tous nos efforts pour tenter de les contenir. Je vous relaterai deux épisodes où ces larmes seront par la suite comprises comme une alarme du niveau de détresse du sujet qui me livre sa parole. Tandis qu’auparavant, je les considérais comme venant simplement me dire que j’étais peut-être « mal armée »…
Ne s’agissant pas de ma clinique actuelle, je témoignerai de photographies d’un autre espace-temps où la notion même de masque laissait encore place à sa symbolique, bien éloignée du réel de notre contexte sanitaire pandémique. J’ai traversé des institutions, en quête de place, de sens, de façonnage clinique par la praxis. J’ai accueilli nombre de personnes placées comme sujets de désir ou bien se dérobant cruellement à l’autre.
En tant que partenaire associatif du secteur public, j’accueillais des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) ; c’est-à-dire en aménagement de peine, en « sursis mis à l’épreuve » avec un suivi sociojudiciaire en milieu ouvert. Je recevais ainsi des justiciables condamnés pénalement, dans le cadre de la prévention de la délinquance et de la récidive, notamment dans le plan de lutte contre la radicalisation violente.
En cette période automnale, un conseiller de probation m’adresse, en « urgence », un individu qui venait de menacer de mort son ancien travailleur social, car la situation était présentée comme sensible et délicate. Une « urgence » qui concernait moins la démarche volontaire du PPSMJ que le besoin du service de probation de parvenir à contenir son agressivité, car empêché de travailler le sens de…