La question est-elle vraiment nouvelle? Margaret Mead : « Les troubles dont souffre notre adolescence sont-ils dus à la nature même de l’adolescence ou à notre civilisation? » (Mœurs et sexualité en Océanie, Plon, 1963). Notre cyber-époque générerait-elle un nouveau rapport à la sexualité à l’adolescence ? Les problématiques narcissiques plus nombreuses que nous rencontrons dans nos pratiques engendreraient-elles un rapport à Soi plus qu’une quête de l’autre ? Les évolutions technologiques et le rapport précoce aux images créeraient-ils une facilitation à l’agir au détriment des sublimations espérées ? Les stimulations précoces estimées favorables au développement de l’enfant, voire du bébé, par beaucoup de parents d’aujourd’hui préparent-elles le terrain à une recherche ultérieure d’expériences sensorielles fortes ? Y aurait il un « Trop de réalité » depuis quelques temps, comme le soutient Annie Le Brun1 ? En témoigneraient un certain nombre de modalités de fonctionnement chez les enfants à type d’agitation et d’inattention par exemple, voire d’auto ou hétéro agressivité et, chez un nombre croissant d’adolescents :
- le happy slapping, à la recherche des signes visibles de peur chez la victime d’une agression programmée, à la mesure de celle éprouvée par l’agresseur, mais non représentable pour lui.
- les ivresses aiguës, le binge drinking, à la recherche de sensations fortes et immédiates, auto procurées, non pour se désinhiber, mais plutôt pour se rassurer sur son existence.
- l’abus des écrans : ces adolescents aimantés par les écrans, « aimants » des écrans, qui pourraient reprendre à leur compte cette phrase de Baudelaire : « Image, ma seule, mon unique passion ». Et tous ces autres replis baptisés rapidement phobiques de façon abusive.
- les violences et les viols en réunion : quand la passion détruite se transforme en passion de détruire, et ce, dès les premiers temps de la vie. Et quand l’insécurité intérieure persiste faute de traitement, générant l’insécurité chez les autres avec l’espoir…