Tout commence, au fond, avec Anna Freud (1965) et son concept de « lignes de développement » si subtilement présenté dans son livre sur Le normal et le pathologique chez l’enfant. Centré sur le processus qui va de la dépendance à l’autonomisation et à l’indépendance, A. Freud insiste alors sur le fait que dans le champ de l’auto-conservation, soit du registre des besoins, l’enfant doit d’abord s’en remettre à autrui compte tenu de la néoténie spécifique de l’espèce humaine, et que ce n’est que peu à peu qu’il devra jouer tout seul « à la mère et l’enfant », en reprenant à son propre compte et en assurant par lui-même les diverses fonctions que son entourage avait d’abord assurées pour lui.
Dans ce cadre conceptuel, A. Freud définit, alors, ce qu’elle nomme de possibles « hétérochronies de développement » qui me semblent en fait constituer les ancêtres épistémologiques du concept de dysharmonie évolutive développé ultérieurement par R. Misès et sur lequel je reviendrai. Ce qu’il importe de comprendre, c’est que, selon elle, le développement normal se définit par le fait que les différentes lignes de développement reconnaissent une maturation parallèle et homogène (« homochronies de développement »), tandis qu’en cas d’hétérochronie de développement, la distorsion entre les maturations respectives des différentes lignes de développement génère un mal être interne, et donc une angoisse développementale qui vient fragiliser les assises narcissiques de l’enfant.
C’est dans cette perspective que R. Misès développera ensuite, à mon sens, le concept de « pathologies limites de l’enfance » (1990), et notamment de « dysharmonies évolutives » dont on sait les possibles aménagements névrotiques, psychotiques, prépsychotiques ou pseudo-déficitaire, et ces réflexions trouveront, alors, leur inscription au sein de la CFTMEA (Classification…