« Les enfants ont tous un fil de vie qui commence, en tout cas, dès la naissance et nous devons veiller à ne pas le briser »
Des crèches (Mellier, 2010 ; Jean-Dit-Pannel et al., 2015), habituellement « pleines » de bébés, de parents et de professionnels de la petite enfance, se sont « vidées » lors du premier confinement lié à la Covid-19. Le cours de la vie dit « ordinaire », celui du travail des adultes et de l’accueil en crèche pour les bébés et les jeunes enfants, s’est trouvé bouleversé. Chacun a vécu une rupture, une crise dans ses temps linéaires et circulaires (Missonnier, Boige, 2007, p. 12), rythmes de base qui se complémentent et s’opposent. Déconfinés de leurs propres crèches (Appel, 2020), les bébés, les jeunes enfants et leurs caregivers ont vécu des temps de réaccordages, de désaccordages, des réaménagements psychiques et intersubjectifs.
Les fils de nos vies ont pris des voies inattendues, incertaines, dans un contexte propice à différentes angoisses psycho(patho)logiques, vécues avec le virtuel des anticipations incertaines et le concret de la pandémie (compter ses morts, ses malades, être en confinement). Les bébés, les jeunes enfants, les parents et les professionnels ont été mis à l’épreuve d’incertitudes, par cet enfermement inédit, ce qui a posé une question « simple » : comme rester dans une présence suffisamment bonne (André, 2011), quand en tant que caregiver « on » n’a jamais connu « ça » ?
Interruption brutale de l’activité, urgence à rester disponible
Avec cette interruption brutale d’activité, les professionnelles de la petite enfance ont pu se sentir inutiles socialement : elles n’ont pas été les vaillantes soignantes héroïques de l’hôpital. Dans ce contexte de confinement, rester disponible pour…