Les sciences humaines ont souligné1 les pouvoirs organisateurs et désorganisateurs des crises sur le lien social au niveau individuel, groupal et organisationnel (Castoriadis, 1975). Or, celle que nous traversons aujourd’hui avec la pandémie Covid nous impose de réfléchir à nos modes de vie et à nos vrais besoins sans verser dans les aliénations du quotidien.
La mise à l’épreuve des systèmes sanitaires face à l’incertitude et aux controverses expose à perdre la foi naïve dans le progrès scientifique, à être désillusionnés quant au pouvoir de la médecine et de l’état. Le système médical français, loué comme le meilleur possible, s’est clairement révélé comme impréparé et essoufflé.
Les grandes peurs de l’humanité se sont réveillées. La croyance en l’immortalité, le refus de la finitude pousse habituellement à nier la mort au risque d’être paralysés par l’angoisse. Comme la plupart des habitants de la planète, nous avons été sommés de nous confiner et d’adopter une « distanciation » pour se protéger les uns des autres, nous nous sommes sentis obligés par la situation sanitaire. Nous avons affronté comme chacun la crainte de l’effondrement, traversé le temps où la sidération gagne, le temps de respirer et de reprendre confiance dans nos capacités de réagir.
Étrange crise se résumant parfois en des mesures d’urgence mettant à l’épreuve nos capacités à analyser les situations et à décider vite. Nous avons plongé dans un univers professionnel de télétravail auprès de familles et d’individus apeurés. Nos patients ont découvert la vie en continu avec les enfants, même les plus agités ou malades. Nous avons assisté à un retour sur soi de nombreux adultes se mettant à l’auto-analyse et fait face à une demande exponentielle de consultations.
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