Je vais essayer de préciser dans quel contexte et dans quel débat prend place mon propos, et quel est l’intérêt de chercher à spécifier le sexuel chez le bébé pour les psychanalystes.
I – Le sexuel et son origine pulsionnelle
Un bref rappel des conceptions classiques de Freud et à partir de Freud,
« La conception de la sexualité de Freud se caractérise par le fait qu’elle est une « psychosexualité » Dès la première édition des Trois Essais sur la théorie sexuelle (1905), il affirmera la présence et le rôle de la sexualité infantile chez tout enfant. La sexualité infantile a trois caractères : elle est auto-érotique, soumise au primat des zones érogènes et des pulsions partielles, et étayée sur les instincts d’autoconservation ou du Moi. 1»
Comme tous les manuels de vulgarisation nous le rappellent, Freud propose la théorie de quatre stades du développement psychosexuel : à chaque stade la libido s’organise en centrant les fantasmes et l’excitation sous la prédominance d’une zone érogène orale, anale, phallique, génitale. L’enfant est dit « pervers polymorphe » tant que le primat de la zone génitale et de la relation à l’objet n’est pas encore établi.
Freud propose l’idée que la satisfaction sexuelle s’appuie sur divers fonctionnements et zones corporelles (qu’il décrira ultérieurement comme liés à l’auto-conservation en 1910) : « Au début, la satisfaction de la zone érogène était sans doute associée à la satisfaction du besoin alimentaire » ou encore « la zone anale, tout comme la zone labiale, est propre à servir d’intermédiaire à l’étayage de la sexualité sur d’autres fonctions du corps ». « L’activité sexuelle s’est…