UN CONTEXTE CLINIQUE SPÉCIFIQUE
Notre propos s’inscrit dans un contexte clinique spécifique, celui d’une pratique en service gériatrique de Soins de Suite et de Réadaptation à l’hôpital (SSR). Précisons d’emblée que la grande majorité de la population accueillie dans ces unités de soins hospitalières est concernée par la rencontre avec des limitations fonctionnelles nécessitant des aménagements du mode de vie quotidien, ce qui requiert souvent, parallèlement à la poursuite de la rééducation, une prolongation du temps d’hospitalisation pour préparer la mise en place des dispositifs pertinents.
La situation d'hospitalisation, qui se prolonge en service de soins de suite et de réadaptation au décours d'un incident somatique, place bruyamment le corps au-devant de la scène, que le sujet découvre transformé et fragilisé, parfois meurtri, souvent douloureux. Elle vient révéler, objectiver, la défaillance qui restait parfois tapie dans l'ombre depuis longtemps sans se faire sentir ni connaître, quand elle n'était pas recouverte par des mécanismes de défense s'organisant contre l'angoisse pour tenter d'éviter la confrontation à une dépendance dont le vécu pourrait s'avérer traumatique. À ce titre, elle constitue un coup de tonnerre dans un ciel pas toujours serein. Il existe ainsi, régulièrement, une communauté de déni au sein de la famille et notamment des enfants du sujet âgé, qui participe de cette banalisation et protège le narcissisme individuel et familial. Dans ces cas-là, l'hospitalisation représente un véritable moment d'après-coup qui vient donner rétrospectivement du sens au comportement du parent âgé. Bien sûr, ce n'est pas au titre de l'âge que le sujet vieillissant est hospitalisé, mais à celui de la maladie et du handicap qui viennent atteindre le sujet dans la représentation qu'il a de son corps. Cependant, ces pertes de fonction physique sont susceptibles de…
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