Mon témoignage s’enracine dans la clinique à la maternité où je tente d’être psychanalyste périnatal engagé dans un projet collectif d’accueil des variations de forte amplitude inhérentes au devenir parent et au naître humain et des dysharmonies relationnelles précoces parents/professionnels/fœtus/bébé. Schématiquement, ma recherche clinique s’organise dans trois directions indissociables : le « devenir parent », le « naître humain » et « l’être soignant ». Ces intitulés génériques recouvrent chacun mille et un avatars des plus prometteurs aux plus morbides (Missonnier et coll., 2012).
Du côté des parents et du fœtus/bébé, je m’engage dans des interventions directes « classiques » de consultations thérapeutiques individuelles, conjugales et familiales, mais aussi dans des activités groupales de préparation à la naissance que, d’ailleurs, j’investis avec de plus en plus de militantisme.
Du côté des soignants, je me réfère d’une part à mon expérience dans les groupes institutionnels « naturels » comme les staffs, les transmissions et, d’autre part, à l’animation de groupes type Balint autrefois avec des sages-femmes libérales, du personnel paramédical de maternité, des échographistes et aujourd’hui avec des psychiatres et psychologues en maternité.
Dans ce cadre réunissant usagers et soignants, il existe une forte convergence entre la formalisation groupale du fonctionnement institutionnel et ce que René Kaës (1999) a nommé « l’appareil psychique groupal » qui « accomplit un travail psychique particulier : produire et traiter la réalité psychique de ET dans le groupe ». N’importe quelle situation de soin en périnatalité s’inscrit dans cette dialectique qui unit sphère des relations entre membres du groupe et sphère des relations de chacun à l’égard du groupe. En effet, à la maternité en tant qu’institution, il y a une véritable unité de temps, de lieu et d’action qui lie tous les acteurs en présence, usagers et soignants. Cet…