Propos recueillis par S. Missonnier
Carnet Psy : Cher Alain, vous occupez dans l’équipe de Carnet Psy une place de pilier et avez beaucoup apporté à la revue au cours des années. Pour commencer cet entretien, pourriez-vous nous dire un mot de votre enfance et de votre adolescence ?
Merci de cette proposition qui m’est faite par Carnet Psy et qui est le signe de l’alliance et de l’amitié que nous entretenons depuis de nombreuses années. Concernant mon enfance et mon adolescence, j’ai évidemment réservé mes souvenirs intimes à mon psychanalyste. Pour cet entretien, j’indiquerai le fil rouge qui m’apparait le mieux traduire ces temps importants du développement. Loin des exhibitions narcissiques et des illusions contemporaines, mon contexte familial et mon éducation m’apparaissent aujourd’hui relever du « monde d’hier ». Je n’aurai pas pour autant l’audace de m’identifier à Stefan Zweig, qui a été pour moi et reste aujourd’hui un de mes auteurs favoris. J’ai reçu une éducation « classique » dans tous les domaines. Justement, la lecture avait une place importante, mais au-delà, l’importance des études, les rapports respectueux des autres et une certaine pudeur ont été les principales « règles » de mon éducation que je ne regrette pas. Après avoir été scolarisé dans une école privée catholique, pour mon baccalauréat je suis allé au lycée Louis-le-Grand. Changement de monde ! Je me souviens encore de mon professeur de philo, M. Bloch qui était un marxiste convaincu et qui me fascinait. C’était au moment de la guerre d’Algérie, à la sortie du lycée, je me souviens également des bagarres contre les étudiants de la fac de droit, bataille entre l’Algérie française et l’indépendance de l’Algérie dont j’étais défenseur sans raison personnelle, mais motivé sûrement par un besoin de liberté et de contestation…