En hommage à Évelyne Kestemberg
Le corps à l’adolescence représente une question centrale concernant les processus d’identification de l’adolescent à ses parents, mais également de l’identification des parents à l’adolescent.
Porter son intérêt sur ce que je désigne comme le « corps parental » et pas seulement sur le « corps adolescent » mène à s’interroger sur ce que le corps de l’adolescent suscite chez les parents mais aussi sur ce que le corps des parents suscite chez l’adolescent. Le « corps parental » ainsi défini représente un véritable jeu de cache-cache tel qu’on peut avoir une illustration dans le regard désirant et angoissant du corps sexué de l’adolescent pour les parents et du corps des parents source de désir, de crainte et de rejet. Pris entre le « primitivisme originaire » et l’affirmation personnelle de soi », se rejoue alors la « première rencontre parent/bébé ».
Je propose ici de nous pencher sur cette « trans-identification corporelle » inscrite dans l’intersubjectivité1 entre l’adolescent et ses parents et entre les parents et l’adolescent.
Rappel de la problématique adolescente
N’oublions pas l’article princeps qui a constitué pour beaucoup la référence centrale de la compréhension du processus d’adolescence sur les liens entre identification et identité d’Évelyne Kestemberg2.
L’adolescence est la période de la vie où l’image du corps est la plus proche de l’image que l’on a de soi, de ce que l’on pense de soi. Le corps, en particulier le corps sexué, devient à cette période porteuse de nouvelles promesses, promesse de grandir, de devenir un homme ou une femme, d’avoir une vie relationnelle et sexuelle au prix d’en passer par des marques sur la…