Pour un psychiatre d’adolescent, aborder la question du corps à l’adolescence est comme l’antienne bien connue d’une chanson de ses vingt ans dont il reprend le refrain malgré lui avec un plaisir saupoudré d’un léger agacement, n’arrivant pas à s’en défaire ! Que dire de plus qui n’ait été dit, souvent bien dit et plus souvent encore péniblement rabâché ! Depuis S. Freud, qui certes fait remonter la sexualité aux années d’enfance mais qui précise que cette « sexualité infantile » se révèle après-coup du fait de la puberté, jusqu’aux auteurs contemporains, avec par exemple l’attaque du corps sexué de Moses Laufer ou le « pubertaire » de Philippe Gutton « qui est à la psyché ce que la puberté est au corps », sans parler des multiples articles en boucles sur l’image du corps, sa transformation, le narcissisme, le CORPS occupe le centre de gravité de nos préoccupations… Très bien ! Le corps adolescent se transforme sous l’impact de la puberté, réalisant une « attaque » du sentiment de continuité existentielle, donc une menace à la fois narcissique et identitaire ; en même temps il est envahi d’une poussée le contraignant à sortir de ses gonds (sortir de son corps, de sa psyché, de sa famille, de sa maison : cela fait beaucoup !) pour aller à la rencontre d’autre chose dont il n’a encore qu’une vague idée, donc plus ou moins inquiétant ; pour couronner le tout, l’être humain pris dans ce basculement n’y peut mais, tout cela se produisant malgré lui, à son corps défendant, spectateur soumis à un scénario qui semble lui échapper…
Cet article pourrait s’arrêter là !
Un papa, ce pourrait aussi être une maman, porte sa fille Camille, âgée de 5 ou 6 mois et passe devant un grand miroir. Attiré par cette image,…