En partant de la Conférence d’Introduction à la Psychanalyse de René Roussillon pour la Société de Psychanalyse de Paris, Stéphanie George revient sur la symbolisation, jeu d'alternance entre présence et absence de l'objet.
Après avoir passé une soirée avec René Roussillon, il ne nous sera plus jamais possible de prononcer anodinement le terme de symbolisation. Ce concept a pris en deux heures de temps une épaisseur digne de condenser la quasi-totalité de la métapsychologie freudienne. Inutile de se référer à une définition de dictionnaire, aussi prestigieux soit-il, la symbolisation en psychanalyse ne peut être restreinte au fait de représenter une chose par un symbole. Elle ne peut être définie par une équivalence aussi figée puisqu’elle correspond au contraire à toute la dynamique des transformations permettant à une expérience vécue d’être intégrée psychiquement. René Roussillon, membre formateur de la SPP, professeur émérite de psychologie clinique, est formel : toute expérience vécue, y compris celle qui dépasse les capacités du psychisme et que l’on a tendance à qualifier d’irreprésentable, est soumise à un impératif d’intégration psychique. « La psyché doit se donner à elle-même, pour elle-même, la présence de ce qui l’affecte ou de ce qui l’a affecté antérieurement »1. Mais aucune expérience ne peut être intégrée en l’état. Le psychisme n’échappe pas au fonctionnement général des systèmes vivants, tel que F. Varela l’a décrit : rien ne pénètre l’organisme sans avoir subi des transformations permettant son assimilation. Une expérience vécue est décomposée puis recomposée en représentations exploitables par notre psychisme. Le parcours est incertain tant la trace première est complexe, plurisensorielle et multipulsionnelle. Elle devra être profondément remaniée pour devenir une représentation psychique intégrée. C’est le long de ce chemin que René Roussillon nous a menés, le temps d’une conférence.
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